Quelque coups de dés dans un parc …Trois,quatre agents de la paix qui s’avancent…Un certain Villanueva est interpellé…Un autre Villanueva s’interpose…Et un,deux,trois coups de feu retentissent dans le silence de cette fin d’après midi comme trois coups du destin sur le cours oublié de l’existence des Nords Montréalais.Il s’appelle Fredy Villanueva.D’autres diront qu’il est anonyme:qu’il pourrait s’appeler aussi Anthony Griffin,Jean-marc lizotte, Marcellus François, Quillem Registre ou Rohan Wilson.On est invités à faire l’injonction d’identifier derrière le masque qu’est son nom la face commune des victimes d’un fléau allégué et rampant qui a pour nom  labrutalité policière,l’ensauvagement mortifère de la SPVM.Les resultats malheureux de cette intervention policière ramènent plusieurs interrogations citoyennes à l’avant scène .Pour commencer,pourrons-nous comme citoyens permettre aux policiers de mettre en veilleuse les droits et libertés systématiquement sous prétexte que certains quartiers sont particulièrement criminalisés?Cette démangeaison du canon au nord de l’autoroute 40 est-elle compatible avec les valeurs québécoises enchâssées dans la Charte québécoise des droits?La réponse à ces questions n’est pas une peccadille à mettre au compte  d’imperfections résiduelles .II y va de notre engagement profond et le plus intime envers nos valeurs démocratiques les plus fondamentales. les valeurs démocratiques ne sont guère négociables dans un état de droit. Pour revenir aux évènements en tant que tels faisons la part des choses dans cette marée d’opinions diverses et contradictoires qui ont été lancées sur la place publique.

Toute analyse de l’incident doit passer par ce  constat obligé:des pans entiers de la population du Quebec vivent dans les marges de la société officiellement reconnue.Que leur exclusion soit imposée ou volontaire ne change rien au constat :Il y a au Québec une multitude de manières d’articuler son appartenance civique,de décanter son identité citoyenne.En effet,une ligne invisible quoique bien réelle sépare l’outillage mental de certaines communautés de la société générale.Comment expliquer autrement cette polarisation des discours selon que l’on habite le quartier de Montréal-nord ou pas.Les jeunes du quartier,les adultes,les travailleurs communautaires,tous tiennent le même discours:Les incidents sont la suite de vexations policières et d’abus psychologiques et autres émanant des agents de la paix.Pas une seule fois dans la forêt d’interventions des gens du quartier la moindre fissure dans la causalité alléguée.Il fallait voir la face perplexe et déçue des représentants des médias face à cette unanimité inattendue des gens du terrain sur l’origine des incidents.Le beau manichéisme routinier des bons d’un côté(les bons jeunes,les commerçants,les travailleurs honnêtes,)des méchants de l’autre(les gangs de rue),à la sauce TVA, a vite épuisé toutes ses possibilités face aux discours de tous les gens qui occupent le quartier.Très vite il devenait gênant pour les journalistes de continuer à prétendre que la casse qui se déroulait sous leurs yeux était l’apanage de groupes criminalisés ou de voyous du quartier.C’était d’autant plus frappant que plus les policiers s’inquiétaient et la population québécoise s’indignait devant leurs téléviseurs plus la population locale affichait une indifférence totale,comme s’il s’agissait d’un fait divers,d’une petite fête de quartier dont les médias avaient  seulement oublié la raison.Pour illustrer la fracture idéologique qui sépare ces Nord-Montréalais de leurs concitoyens il suffirait de rappeler comment après l’émeute les propositions de solutions pour éviter la répétition d’une telle crise furent essentiellement contraires:les gens du quartier de même que les travailleurs communautaires suggèrent moins de présence policière alors que la police ainsi que la grande population du Québec propose l’accroissement de la population policière.
Il nous semble que nous devons partir du principe que ce sont des québécois qui habitent un quartier d’une ville québécoise et qu’à ce titre il est impératif que les valeurs enchâssées dans la charte québécoise des droits soit respectée.Que les forces policières décrètent pour les raisons qui sont les leurs et qui sont sûrement honorables,que tel secteur est un secteur criminalise et qu’en conséquence une vigilance plus accrue doit y être exercée c’est là leurs droits le plus entiers,voir même leurs devoirs d’agents de la paix.Conclure à partir de là qu’ils sont autorisés à faire usage systématique de la gâchette et à remplacer tous les moyens d’intervention traditionnelle par la sortie systématique de leurs armes voilà un pas qui est de trop.On nous dit de toutes parts que la police communautaire avec son ramassis de bonnes intentions,ses policiers jouant au basket dans les cours d’école,ses critères d’embauche trop englobant(on admet des femmes qui ne font pas plus que 5pi),ses patrouillleurs bon enfant qui font du vélo devant les gangs criminalisés,on nous assure que cette police là est un fiasco retentissant.Les policiers ne sont là pour plaire à qui que ce soit,nous dit-on,ils répondent à ce besoin ingrat mais nécessaire de toute collectivité,soit celui de surveiller et punir.On ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs, il faut donner de vrais moyens aux forces de police.
Tout cela est fort raisonnable.Cependant l’intensification de la matraque n’arrangera en rien les rapports déjà tendus entre ces quartiers dits chauds et les forces policières.Il y a même à craindre une radicalisation des antagonismes de la part même d’individus qui normalement seraient des alliés du maintien de l’ordre et de la paix.Même quand la bataille serait gagnée sur un plan purement policier je suis loin d’être sûr qu’elle le serait aussi sur le plan de la cohésion sociale et de l’insertion de ce secteur de la population dans le tissu social québécois en général.Car cela à lui seul n’abolirait pas nécessairement la perception partagée par plusieurs membres du secteur qu’ils sont l’objet d’un harcèlement systématique de la part des représentants des forces de l’ordre.
Donc on ne peut pas faire l’économie d’une police communautaire quelles que soient les modalités d’une approche plus criminaliste de la question.Il faut au contraire jumeler l’approche policière classique à celle d’une ouverture aux sensibilités plus respectueuses des particularités du quartier, ancrer la nécessité de surveiller et punir sur le socle des impératifs de prévention et de dialogue.

Suites juridiques

Au Québec la justice se veut discrète,sereine,hors des houles populaires et médiatiques. L’un des dogmes les plus chers à nos savants magistrats,tout juste après la  sacro sainte indépendance de la magistrature,c’est leur conviction unanime qu’il est inapproprié de voir et entendre ceux qui disent le droit au moment ou ils le disent.Pas étonnant donc que l’idée même d’une commission Villanueva qui soit filmée et radiodiffusée relève, pour ces Messieurs et Dames juges, de l’apostasie la plus totale.Ils peuvent admettre que Villanueva  soit d’intérêt public. Ils sont sensibles assez pour comprendre la nécessité d’une enquête du coroner.Ils ne sont ni sourds ni aveugles quant au malaise grandissant entre certains communautés et les forces policières. Mais rien de tout cela ne semble suffire pour les convaincre de la nécessité d’une transmission des travaux de la commission.Les acteurs du droit,en congédiant d’office cette ultime chance d’une proximité précieuse avec le public,  ont raté une belle occason   de faire obstacle à la perception largement partagée dans la rue que la magistrature ainsi que le système judiciaire en général protège   les agents de la paix et leur accorde un traitement favorable.  Rappelons la gravité des soupçons :Il s’agit de sou une discrimination systématique exercée par les forces policières lorsqu’elles sont en présence de certains citoyens .Publiciser les audiences du commissaire Sansfaçon c’est accueillir positivement le souci du public quant aux techniques d’enquête et aux tactiques d’intervention de cette police.On veut des images,on veut des voix,on veut savoir.Savoir de sources de première main.Pouvoir juger par soi, et non par les commentateurs.Villanueva tient lieu d’exception.L’affaire touche à l’essence même des valeurs d’une société démocratique.Son intérêt dépasse le cadre purement formel du droit criminel.Les règles qui régissent la logistique et la gestion de ses mécanismes doivent laisser une grande place à la souplesse et au pragmatisme .Si la commission veut éviter de finir en mascarade et simulacre de justice il est impérieux qu’on puisse,à travers toute la province,avoir accès en direct à ses faits et ses dires.Si elle ne cache rien,ne protège personne, alors elle doit intégrer l’espace démocratique général et assumer sa pleine publicité.Il ne s’agit pas seulement de justice.Mais aussi d’apparence de justice,qui touche au coeur même du débat dans cette affaire.Certains citoyens commencent à penser que les portes sont closes trop facilement quand il s’agit de policiers.Les huis-clos sont accordés avec trop d’aisance.Le peuple veut voir.Il veut savoir.
Quoi qu’on dise,elle est publique la mort de Freddy villanueva.Pas parce qu’on a vu la policière dégainer ou les assaillants encercler cette dernière .Non pas dans ce sens là.Je dis que sa mort est publique parce que les comportements qu’elle a distillés dans le prolongement de la malheureuse manif eux sont publics, et ce sont eux qui délimitent pour les citoyens en général le cadre perceptif de sa mort.l’orgie picturale qui usait et abusait de notre volonté de voir et de savoir ces magasins pillés,ces autos incendiées,la boulimie médiatique avec laquelle la société a consommé et digéré ce navrant spectacle,voilà aussi la mort de Freddy Villanueva.De telle sorte que ce que nous,comme citoyens qui n’étaient pas dans le parc lorsque les policiers avaient fait leur intervention la veille,ce qui circonscrit pour nous cette mort c’est ce tapage médiatique qui en a suivi.Alors s’il était juste de voir tout ce cirque autour des saccages,il est tout autant juste que les médias rapportent toujours en direct toutes les interventions de cette commission.On ne peut pas permettre aux policiers de s’aider des reportages même des journalistes pour identifier des suspects et en même temps refuser au public via les médias l’accès à la salle de la commission.Les médias ne sont pas uniquement un organe cathartique pour satisfaire les besoins de sensationalisme,ils doivent également contribuer à l’éducation citoyenne.Il faut en finir avec ce manichéisme niais et infantile  au nom duquel les images sont bonnes pour filmer une émeute mais mauvaises pour filmer le procès des émeutiers. Aussi, la décision du coroner Sansfaçon,d’interdire aux médias de publier les photos des policiers impliques ,est-elle, au meilleur incongrue et au pire, arbitraire.

Une réflexion sur “Fredy villanueva,un coup de dés,trois ou quatre balles de plomb et le hasard…

  1. très bien dit .La police de Montréal est une bande de criminels qui ne respectent rien quand il s’agit des minorités

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